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À travers le regard d’un juge de CrossFit ®* : témoignage exclusif d’un passionné – Partie 2

Par Chloé - Le 3 janvier 2024

Juge crossfit
Crédit : CrossFit ®* Games

Si vous avez manqué la première partie de notre interview avec César Cerqueira, rendez-vous ici.

Découvrez la suite de notre rencontre avec ce juge passionné :

As-tu vu une évolution dans la manière de juger au cours de ton expérience ?

Oh oui ! Aussi bien côté juge que compétiteur. En 2018: très peu de compétitions programmaient de la marche sur les mains ou des muscle-up pour les masters. Aujourd’hui, c’est devenu la norme. 

Le sport de CrossFit ®* évolue tous les ans avec de nouveaux mouvements, de nouveaux standards et le judging de compétition suit forcément le mouvement. La base première du juge reste la même, mais ses connaissances s’agrandissent. On doit parfois oublier ce qu’on connaît pour apprendre de nouvelles choses et ainsi, potentiellement, faire en sorte que la discipline et le rôle du juge évoluent. 

On tend de plus en plus vers une « professionnalisation » de la fonction de juge mais pour cela, il faut aussi y mettre certains moyens en place. 

Selon toi, les juges sont-ils assez reconnus et considérés ? 

Je ne vais pas seulement parler des juges mais des bénévoles en général. En tant que bénévole, on vient volontairement et gratuitement « travailler » pour un organisateur, une compétition et faire en sorte qu’elle se passe le mieux possible. On dépense souvent des centaines d’euros en transport, hébergement et restauration. Mais quand je vois comment certaines compétitions nous considèrent, je pense qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. 

On finit très souvent les compétitions avec juste un tee shirt, et nourri aux sandwichs. Très peu d’organisateurs proposent de prendre en charge tous les repas des bénévoles, à savoir petits-déjeuners/déjeuners/diners, et encore moins une solution logement. 

Certaines annoncent des « expériences athlètes et spectateurs incroyables », « jamais vu », d’autres annoncent des cash-prices à plusieurs milliers d’euros, mais ils oublient de penser à l’expérience vécu par leurs bénévoles car ils savent qu’ils rempliront leurs fonctions, d’une certaine manière, ils oublient de les « rémunérer »; parfois même ne tiennent pas leurs promesses. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui certaines compétitions peinent à trouver des bénévoles, ainsi ils ne remplissent pas leur mission complètement. 

On ne demande pas la lune, ni l’inimaginable, mais juste que certains ne nous résument pas à une main d’œuvre malléable gratuite. 

Je pense que toute compétition devrait, au minimum, s’assurer que ses bénévoles aient 1 teeshirt par jour de compétition, un welcome-pack, de quoi boire et de quoi grignoter tout au long de la journée, l’ensemble des repas pris en charge pendant toute la durée de la compétition. C’est-à-dire que si le briefing est le vendredi soir et la fin le dimanche après-midi, il faudrait que l’organisation fournisse tous les repas du vendredi soir jusqu’au dimanche midi. Tout ce qui vient en plus est un bonus gratifiant et fait en sorte de fidéliser le bénévole. 

La tâche peut parfois être ingrate lorsque les enjeux sont grands. Comment être à la fois pris au sérieux et apprécié par l’athlète ? 

Comme je l’ai dit précédemment, en étant intègre, juste, impartial. On peut avoir certaines affinités avec certains compétiteurs, mais pendant le workout, il faut savoir rester neutre et le juger comme n’importe quelle autre personne. Le fait d’être indulgent et d’aider un compétiteur va le desservir et potentiellement te griller toi juge, par rapport aux autres athlètes et bénévoles.

Il y a t il, selon toi, une manière différente de juger aux États-Unis ?

Il y a, je pense, une façon plus « professionnelle » de juger, une façon différente de considérer le bénévole. 

Aux Games et aux Rogue, j’ai été surpris de voir que les gens s’arrêtaient pour nous laisser passer, qu’ils nous applaudissaient; chose que je n’ai jamais vu en France. 

On est le deuxième pays au monde en terme d’affiliés, il serait bon à mon sens qu’on soit aussi un grand pays en tant que considération du bénévole. 

Quel athlète rêverais-tu de juger ?

J’aimerai beaucoup juger Rich Froning, juger le GOAT, ça serait un truc de fou. 

J’ai eu la chance d’avoir jugé CrossFit ®* Invictus sur le tout dernier test des Games, au Colisée, et d’avoir Tia aux Rogue Invitational. Ce sont mes 2 moments Highlights de l’année 2023. 

J’ai eu le plaisir de partager le floor avec beaucoup d’autres athlètes «Élites » sur les différents compétitions en France ou à l’étranger. Je pars du principe que tout le monde mérite la même attention. 

Un conseil à donner pour les juges de demain ?

  • D’accepter toute expérience et d’en tirer des enseignements, se former et s’exercer continuellement. 
  • De connaître ses standards de base, les standards CrossFit ®*, et de se conformer aux standards de la compétition, même si ceux-ci ne nous paraissent pas logique. Si tu y crois, l’athlète te suivra. 
  • De ne pas hésiter à poser des questions sur le judging, les standards, il n’y a pas de question bête. 
  • D’observer les autres juges, voir comment ils se placent, comment ils se comportent sur le floor. 
  • De venir avec humilité, pour les bonnes raisons, pour aider la communauté et de continuer pour les liens qu’on y crée.

Merci à César !

Interview crossfit : Mélody Andréani

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